Prévention et dépistage : Consultation des 8 premiers jours

L'essentiel
  • Examen obligatoire / COE
  • Vérifier que les tests au papier buvard ont été réalisés
  • Vitamines
  • Recherche des antécédents et facteurs de risque (sortie de maternité, LCH, SBS, neurosensoriel)
  • Examen des hanches
  • Risque domestique, négligence, maltraitance
En détail

L'examen du 8ème jour donne lieu à un Certificat médical obligatoire. Il bénéficie d'une cotation et d'une tarification particulières auprès de la sécurité sociale (COE = 46 euros en métropole) : cet examen est remboursé à 100% au risque Maternité. 

Test au papier buvard

  • A J3-J5, avant la sortie de maternité.
  • Prélèvement de sang au talon pour dosages de :

    • TSH (pour le dépistage de l’hypothyroïdie).
    • Phénylalaninémie (phénylcétonurie).
    • 17-hydroxy progestérone (hyperplasie congénitale des surrénales).
    • Trypsine immunoréactive (mucoviscidose) + test génétique si la trypsine est élevée donc consentement écrit des parents à recueillir.
    • Electrophorèse de l’hémoglobine dans les ethnies à risque (drépanocytose).

Vitaminothérapie

Vitamine K

  • Pour la prévention des hémorragies du nourrisson par carence en facteurs de la coagulation vitamine k-dépendants.
  • 2 mg PO à la naissance puis entre le 4ème et le 7ème jour :
  • Si allaitement maternel , la posologie recommandée chez un nouveau-né, né à terme, en bonne santé sans risque particulier, dans le cadre d’un allaitement maternel exclusif, pour la voie orale est d'une dose supplémentaire de 2 mg PO à un mois
  • Si alimentation artificielle : pas de dose supplémentaire au premier mois (car les préparations infantiles sont suffisamment enrichies en vitamine K).

Vitamine D

  • Pour la prévention du rachitisme.
  • Posologies de 0 à 18 mois :

    • Si allaitement maternel : 1000 à 1200 UI par jour pendant toute la durée de l’allaitement,
    • Si allaitement artificiel : 600 à 800 UI par jour car toutes les préparations infantiles en France sont enrichies en vitamine D (Cas particulier du prématuré = 1000 UI par jour jusqu’au terme théorique ou jusqu’à 6 mois).

Dépistage des anomalies orthopédiques

Luxation congénitale de hanche

  • Recherche de facteurs de risque : présentation du siège, antécédents familiaux directs confirmés, anomalies orthopédiques associées (torticolis, genu recurvatum, déformations des pieds).
  • Inspection : position spontanée des 2 membres inférieurs (« bassin asymétrique congénital » si déviation en coup de vent d’un côté).
  • Etude de l’abduction : recherche d’une asymétrie ou d’une limitation
  • Recherche d’une instabilité de hanche ;

    • Signe du ressaut trop peu sensible
    • Manœuvre de Barlow

Anomalies des pieds :

  • Malpositions (pied talus, métatarsus varus, pied varus).
  • Malformations (pied bot varus équin, pied convexe congénital).

Vaccinations

  • BCG : une dose dès la naissance (sans IDR préalable si l'enfant a moins de 3 mois) si l'enfant est à risque élevé de tuberculose, s'il y a la présence d’un des facteurs suivants :

    • Né dans un pays de forte endémie tuberculeuse,
    • Au moins l’un des parents est originaire de l’un de ces pays,
    • Doit séjourner au moins un mois d’affilée dans l’un de ces pays,
    • A des antécédents familiaux de tuberculose (collatéraux ou ascendants directs),
    • Réside en Île-de-France, en Guyane ou à Mayotte,
    • Toute situation jugée par le médecin à risque d’exposition au bacille tuberculeux notamment conditions de logement défavorables (habitat précaire ou surpeuplé) ou conditions socio-économiques défavorables ou précaires (en particulier parmi les bénéficiaires de la Couverture Maladie Universelle (CMU), Couverture Maladie Universelle complémentaire (CMUc), Aide Médicale d’Etat (AME), …) ou contact régulier avec des adultes originaires d’un pays de forte endémie.

Risque domestique, négligence, maltraitance

La prévention des accidents domestiques et de la maltraitance nécessite une information complète et répétée des parents : elle nécessite d'éduquer les parents. L’information des parents est essentielle dès la naissance pour la prévention des accidents domestiques car ils touchent 1 enfant sur 10 par an en France, avec une sur-représentation masculine et une banalisation des parents qui considèrent souvent que cela fait partie de l’apprentissage normal, sans tenir compte de la gravité potentielle.

La sensibilisation des parents au risque d'intolérance des pleurs du nourrisson, au bon aménagement des conditions d'accueil du nouveau-né... peuvent être évoquées avant même la naissance, lors de l'entretien prénatal, le suivi de grossesse, les séances de préparation à l'accouchement par les sage-femmes...

Chutes

  • Accident domestique le plus fréquent de l’enfant de moins de 1 an.
  • Risque important de traumatisme crânien du nourrisson qui n’a pas le réflexe de se protéger en mettant les mains pour amortir la chute et qui a une tête relativement lourde par rapport à son poids total.
  • Chutes du lit (parental en général), de la table à langer, des bras d’un tiers, du cosy posé en hauteur…
  • Ne jamais laisser le nourrisson sans surveillance posé sur un élément en hauteur.
  • Ne jamais soulever le cosy avant d'avoir attaché le harnais

Etouffement

  • Pic de fréquence dans la première année de vie.
  • Le lit doit être adapté, en bon état, avec un matelas ferme de taille adaptée au lit, installé dans une pièce avec une température idéale de 19 à 20°C. Dans le lit : coucher le nourrisson sur le dos, sans oreiller, sans couverture, sans tour de lit, sans peluches, sans cordon qui pend à proximité… 
  • Ne pas laisser à sa portée de petits objets (jouets étiquetés > 3 ans), de petits aliments (cacahuètes), de sacs en plastique…

Noyade

  • Dans le bain, elle entraine le décès dans 40% des cas : ne jamais laisser le nourrisson seul dans le bain sans surveillance, se méfier des sièges de bain qui rassurent faussement les parents et favorisent une baisse de vigilance alors qu’ils risquent de basculer.
  • Un nourrisson peut se noyer dans 20 cm d'eau.
  • Ne jamais laisser un nourrisson sans surveillance à proximité d’un plan d’eau, si petit et si peu profond soit-il : piscines (privées = 50% des décès par noyade), lacs, rivières…

Syndrome du bébé secoué

  • Ne jamais secouer un nourrisson sous peine de lésions cérébrales irréversibles par hémorragie intracrânienne.
  • Les pleurs du nourrisson sont normaux : c'est un moyen de communication important, mais ils sont souvent difficiles à supporter pour les parents ou l'entourage. Il existe des outils comme les plaquettes d'information sur le SBS. Il s'agit de faire comprendre aux parents la montée progressive de la colère face à des pleurs prolongés ou fréquents, et de leur expliquer la nécessité de se faire aider, relayer auprès du nourrisson, pour éviter un secouement brutal.

Brûlures

  • Attention à la température de l’eau du bain (37°C), de l’eau du biberon, aux appareils électroménagers chauds.
  • Ne pas laisser de bougie allumée à portée du nourrisson.
  • Eviter de réchauffer les biberons ou aliments de l’enfant au four à micro-ondes.
  • Vérifier systématiquement la température du biberon, au creux du poignet, après l'avoir bien agité, avant de le proposer au nourrisson.

Electrocution

  • Mettre des dispositifs de sécurité sur les prises électriques, faire vérifier l’installation si douteuse, ne pas utiliser d’appareil électrique à proximité de l’eau.
  • Prédominance de l’électrisation domestique par du courant de bas voltage, chez le garçon, avec des lésions des extrémités et de la bouche.

Intoxications

  • Ne pas laisser de produits dangereux (ménagers ou de bricolage) ou de médicaments à portée du nourrisson (mettre en hauteur ou systèmes de verrouillage des portes). Les intoxications par des plantes ou baies sont généralement bénignes.
  • Pour le médecin : y penser systématiquement devant tout tableau neurologique non fébrile ou troubles du rythme inexpliqués.

Ingestion de corps étranger

  • Danger si pile bouton ou aimants (risque de perforation intestinale).

Etranglement, pendaison accidentelle

  • Danger des colliers (y compris de dentition) qui peuvent être attrapés par un autre enfant et être source d’étranglement ou s’accrocher dans un objet et être responsables d’une pendaison. Les colliers d'ambre et attache-sucette ne sont pas indiqués.
  • Danger des stores vénitiens, romains ou à rouleau à cause des cordelettes : ne pas placer le lit près d'une fenêtre équipée.

Autres

  • Il existe des systèmes bloque-portes pour éviter que le nourrisson ne s’y coince les doigts, des protège-coins pour les angles de table…
  • Ne pas laisser un nourrisson seul avec un animal pour éviter les morsures.
  • En voiture, toujours utiliser un siège-bébé homologué et prendre le temps d’attacher correctement le nourrisson.
Pour en savoir plus
  • Carnet de santé, Cerfa n°12593*01. Ministère de la santé et des solidarités, 1er janvier 2006 accès en ligne
  • Les nouveaux modèles du carnet et des certificats de santé de l'enfant (en vigueur à partir du 1er janvier 2006), guide à l'usage des professionnels de santé. Ministère de la santé et des solidarités, 1er Janvier 2006 accès en ligne
  • Roussey M, Kremp O. Examens systématiques de l’enfant. EMC Pédiatrie. Elsevier Masson SAS, Paris, 2007, Vol. 4-002-B-10
  • Institut de Prévention et d'Education pour la Santé. Protégez votre enfant des accidents domestiques  accès en ligne
  • Mallet E. Vitamine D. EMC Pédiatrie. Elsevier Masson SAS, Paris, 2010, Vol. 4-002-G-10
  • Direction générale de la santé. Comité technique des vaccinations. Guide des vaccinations. s.l. : éditions INPES, 2008
  • Zix-Kieffer I. Vitamine K chez les bébés allaités exclusivement : quelle dose, combien de temps. Archives de pédiatrie. 2008, Vol 15, pp. 1503-1506
  • Haute Autorité de Santé. Propositions portant sur le dépistage individuel chez l’enfant de 28 jours à 6 ans, destinées aux médecins généralistes, pédiatres, médecins de PMI et médecins scolaires. Recommandations pour la pratique clinique. 2005 accès en ligne
  • Vidailhet M, Mallet E, Bocquet A, . La vitamine D : une vitamine toujours d’actualité chez l’enfant et l’adolescent. Mise au point par le Comité de nutrition de la Société française de pédiatrie. Archives de pédiatrie. Mars 2012, Vol 19, n°3, pp. 316-328
  • Haute Autorité de Santé. Luxation congénitale de hanche : dépistage. Document de travail. . Octobre 2013 accès en ligne
  • Claudet I. Les accidents domestiques de l’enfant. Cours, DES de médecine générale, Toulouse, 2011